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Peine de mort et torture

Israël : un prisonnier d'opinion palestinien détenu sans inculpation

Ahmad Qatamesh en 2011 - D.R.

Ahmed Qatamesh a été arrêté lors d'une descente effectuée à son domicile, le 14 mai 2017, avant l’aube. Trois jours plus tard, un commandant de l'armée a signé un ordre de placement en détention pour une durée de trois mois alors qu'il n'était inculpé d'aucune infraction pénale.

Son placement en détention doit être prochainement confirmé par un tribunal militaire.

Huit ans de harcèlement

Ce n'est pas la première fois qu'Ahmed Qatamesh est emprisonné pour ses opinions. Il a au total passé plus de huit ans en détention administrative aux mains des autorités israéliennes. Il a été libéré de détention administrative pour la dernière fois en décembre 2013.

Comprendre : Qu’est-ce qu’un prisonnier d’opinion ?

Selon sa famille, en 2016 le service du renseignement israélien l'a convoqué à deux reprises pour un interrogatoire. On lui a dit qu'il devait arrêter d'écrire et de parler, s'il ne voulait pas risquer d'« avoir des problèmes ». Il a refusé d'obtempérer les deux fois, disant aux agents du service de renseignement qu'il était écrivain et universitaire et qu'il écrirait et dirait ce qu'il voulait.

Ahmad Qatamesh, commentateur politique et professeur d'université, critique haut et fort les autorités israéliennes mais aussi palestiniennes, ainsi que les accords d'Oslo, qui avaient transféré aux autorités palestiniennes un contrôle partiel sur certains secteurs des territoires palestiniens occupés.

Lire aussi : les prisonniers palestiniens, une politique illégale et cruelle

Il a appelé à un changement radical dans le paysage politique palestinien et de stratégie des Palestiniens. Il souhaite la fin des divisions entre le Hamas et l'Autorité palestinienne et a souligné que la population palestinienne est mécontente de ses dirigeants. Il a dans ses écrits analysé diverses propositions pour des systèmes alternatifs de gouvernance entre Palestiniens et Israéliens. Ahmad Qatamesh est souvent apparu à la télévision locale et intervenu dans des émissions de radio. Tout récemment, il a fermement soutenu la grève de la faim menée par de nombreux détenus et insisté sur la nécessité d'un appui politique pour les droits des Palestiniens.

Certains de mes plus anciens souvenirs, qui datent de quand j'avais sept ou huit ans, sont ceux de soldats israéliens faisant irruption chez nous au milieu de la nuit, nous effrayant tous et tentant de nous faire vivre dans la peur. J'ai maintenant 54 ans et je continue d'être confronté aux mêmes manœuvres. Ce sont à présent mes enfants qui engrangent des souvenirs d'événements effrayants. C'est toute notre famille qui est terrorisée.

Ahmad Qatamesh

Lors d'un entretien avec son avocat le 21 mai à la prison d'Ofer, Ahmed Qatamesh a dit qu'il n'avait pas été interrogé depuis son arrestation. Il a aussi annoncé qu'il ne prendrait plus ses médicaments en prison, pour protester contre son arrestation arbitraire et son incarcération.

Les droits humains des palestiniens bafoués

Sur les plus de 6 500 Palestiniens incarcérés dans des prisons israéliennes, plus de 500 sont détenus au titre d'une détention administrative sans inculpation ni jugement.

Dans le cadre de la politique israélienne de détention administrative, des Palestiniens sont régulièrement placés en détention pour une durée indéterminée pour des motifs de sécurité, sans inculpation ni jugement, en vertu d'ordres de placement en détention renouvelables pour une période pouvant aller jusqu’à six mois.

Israël utilise depuis plusieurs décennies la détention administrative pour bafouer les droits des détenus palestiniens et devrait mettre fin à cette politique, qui fait gravement souffrir émotionnellement les détenus et leurs proches à cause de l'état permanent d'incertitude qu'elle produit.